1.30.2024

Carlo Ginzburg over de slachtpartij in Gaza

Carlo Ginzburg, een van de prominente historici van onze tijd, schreef een vlammende veroordeling van de verschrikkelijke slachtpartij die Israël aan het aanrichten is in Gaza. 



 

L’horrible pogrom commis par Hamas le 7 octobre 2023 a changé l’histoire d’Israël et de la Palestine – et pas seulement ­les leurs –­ d’une façon irréversible. Face aux homicides, tortures et aux viols perpétrés par l’organisation terroriste, on a le sentiment que les mots sont insuffisants.

 

Certaines questions concernant cet évènement monstrueux et son contexte demeurent néanmoins incontournables ; même si l’on a pu dire que ces questions impliqueraient une minimisation de l’horreur : cette objection est inacceptable, non seulement aux yeux des  historiens, mais aussi de tous ceux qui essayent de comprendre la réalité dans laquelle nous vivons. Or, s’impose en effet de se demander dans quelle mesure les défaillances du Mossad et de l’armée israélienne auraient pu être conditionnées par la stratégie politique de Netanyahu ? Comme Alon Altaras l’a rappelé dans un article paru le 11 octobre 2023 dans il Fatto quotidiano, en mars 2019 Netanyahu déclarait : « Ceux qui ne désirent pas la naissance d’un état palestinien doivent renforcer le Hamas et affaiblir l’autorité palestinienne ; ils doivent créer une attitude différente entre les territoires administrés par l’Autorité Palestinienne et la bande de Gaza ». La sanglante défaite de la stratégie de Netanyahu l’a amené à renverser son approche, en identifiant le Hamas avec la population palestinienne. Les résultats sont sous nos yeux : une tragédie terrible qui continue. Est-ce que tout cela a des rapports avec la nouvelle vague d’antisémitisme qui a déferlé en Europe et aux États-Unis ? La réponse est, à mon avis, évidente. J’espère que personne n’osera suggérer qu’en disant cela, je voudrais justifier l’antisémitisme qui demeure une attitude horrible persévérant depuis deux millénaires à tous niveaux et sous toutes ses formes. Mais est-ce que le massacre de la population civile palestinienne ou l’indifférence pour le destin des otages israéliens sont moins horribles ?

 

Dans un article paru dans la revue Gli asini, Stefano Levi Della Torre a écrit : « La dévastation, la famine et les massacres aveugles à Gaza ont porté un énorme préjudice à la mémoire de la Shoah et à son message universel de dénonciation des ‘crimes contre l’humanité’ : une mémoire et un message qui ont jusqu’à présent constitué un important rempart contre l’antisémitisme ». Je n’ai rien à ajouter – sauf une précision. Cette phrase ne suggère pas une instrumentalisation (dans le sens strict du mot) de la Shoah, dans la mesure où l’association avec la mémoire de la Shoah  fait partie de l’histoire de l’état d’Israël depuis sa fondation. Le « préjudice à la mémoire de la Shoah » est le résultat, non délibéré, d’une tragédie qui continue, et qui ne peut pas être justifié par le jus ad bellum : le massacre indiscriminé de la population civile palestinienne.

 

 

https://k-larevue.com/entretien-avec-carlo-ginzburg/ 

 

 

Geen opmerkingen: